S’il ne fait pas de doute que la dégradation de la note de la dette de la France aura des répercussions sur le coût de l’emprunt, les avis divergent quant à l’ampleur et le calendrier de la hausse des taux.

Deux inconnues de taille
Plus prudent, Meilleurtaux.com, estime pour sa part que la perte du triple A n’aura pas d’« effet immédiat sur le niveau des taux des crédits immobiliers ». Le courtier, concurrent d’Empruntis, fait notamment valoir que les banques ont déjà largement eu le temps d’anticiper la décision de Standard & Poor’s, et ne l’ont pas attendue pour commencer à reconstituer leurs marges. Il constate en outre que l’OAT 10 ans, le taux d’emprunt d’Etat à long terme, est restée quasiment stable depuis l’annonce de la dégradation : de 3,03 % le 13 janvier (avant l’annonce de la décision de S&P), elle n’est montée qu’à 3,10 % le 16 janvier. Sandrine Allonier, responsable des études statistiques de Meilleurtaux, estime qu’« il est très difficile de prévoir ce qui va se passer dans les prochains mois, même dans les prochaines semaines. Mais pour le moment, il semble que la remontée des taux aux particuliers sera graduelle et modérée ».
Avec une inconnue, cependant. Outre l’ampleur de la remontée de l’OAT(que certaines banques pourraient décider de ne pas répercuter totalement dans leurs barèmes), le courtier s’interroge sur les conséquences d’une dégradation de la note de la dette de la France par Moody’s, l’autre grande agence de notation financière. Selon Marc Touati, responsable de la recherche économique d’Assya Compagnie Financière, tout dépendra(it) de l’ampleur d’un éventuel geste de Moody’s. « Une baisse d’un cran ne changerait pas la donne, estime-t-il. Une dégradation plus importante en revanche, pourrait avoir des effets très nets et rapides… ». Mais selon l’économiste, le véritable enjeu est ailleurs. Dans un entretien à LaVieImmo.com, il estimait récemment qu’il n’y avait rien à craindre sur le front des taux jusqu’au résultat de l’élection présidentielle. « Si le candidat qui remporte le scrutin ne met pas rapidement en œuvre une politique de réduction des dépenses publiques et se contente d’augmenter les impôts, alors les agences ne tarderont pas à réagir. Et dans ce cas, il faudra payer la facture », avait-il indiqué. Selon lui, une dégradation après l’élection présidentielle pourrait, selon son ampleur et la réaction des banques, tirer les taux d’intérêts immobiliers vers les 5,50, voire 6 %.
Source : François Alexandre - ©2012 LaVieImmo.com